Eau : le constat inquiétant des assises de l'eau

26, November 2023

Le 7 novembre, la Région Centre Val de Loire et le CESER1 Centre Val de Loire ont organisé les Assises de l’Eau à Tours. Plus de 600 personnes y étaient présentes. L’occasion de partager les données autour de cette question devenue un enjeu majeur… données qui sont très inquiétantes… L’abondance de l’eau appartient au passé…

Les quantités d’eau disponible sont à la baisse. En cause notamment le changement climatique, qui perturbe le cycle de l’eau obligeant des mesures de restrictions de plus en plus régulières. La hausse des températures (+1,7° en 60 ans) entraine une évaporation et une évapotranspiration2 supérieures et donc une baisse des précipitations efficaces, qui alimentent les nappes phréatiques, dont le niveau moyen baisse. Les projections climatiques du GIEC annoncent d’ici 2050 une augmentation des fortes pluies (qui provoquent ruissellements et inondations et n’alimentent que peu les nappes), des températures en hausse l’été, des étés plus longs et plus chauds, une teneur en eau des sols à la baisse et un risque accru de feux de forêt… A l’horizon 2070, les projections prévoient une baisse des débits moyens des cours d’eau entre -10% et -40% et des durées d’étiage3 plus longues. Sur le bassin Loire-Bretagne, d’ici 2070, baisse attendue de 25 à 30% de la recharge des nappes souterraines.

Une mauvaise qualité de l’eau et des milieux. 81% des cours d’eau ne sont pas en bon état écologique en Centre Val de Loire (56% au niveau national). Les eaux souterraines sont également touchées. La cause : les pesticides et les nitrates. Les écosystèmes aquatiques sont pollués et les algues prolifèrent. Et comme les débits des rivières et le niveau des nappes baissent, la concentration en polluant augmente….

Quels sont les principaux consommateurs d’eau ? L’irrigation (58,7%) et le refroidissement des centrales nucléaires (32,7%), puis l’alimentation en eau potable (8,3%) et l’industrie (0,3%). 15% de la surface agricole utile est irriguée et ce % augmente.

Les conséquences majeures • Bien sûr, nous sommes de plus en plus touchés par des mesures de restriction et par les problèmes de qualité de l’eau. • Les périodes de sécheresse impactent les cultures non irriguées et l’élevage. La demande en eau pour l’irrigation augmente. • La baisse du niveau dans les rivières est une menace pour le refroidissement des centrales nucléaires situées au bord de la Loire alors qu’on nous parle d’augmenter le nombre des réacteurs. • Le manque d’eau est un risque pour le secteur industriel qui a des besoins pour ses activités. • Le traitement des eaux (épuration) devient plus couteux.

Quels enjeux ? • Il est primordial d’économiser l’eau, notamment en accompagnant le changement des pratiques agricoles • Pour inciter les consommateurs (et notamment les gros) là faire des économies, travailler à une tarification en fonction des usages et incitative. • Rendre les sols perméables pour favoriser l’infiltration et la recharge des nappes (désimperméabiliser les sols des villes et zones d’activités, préserver et restaurer les zones humides…) • Optimiser l’usage de l’eau pour l’économiser, la réutiliser.

Pour en savoir plus :

Et sur le site du CESER

Et dans notre territoire ?

L’Eure-et-Loir est particulièrement affecté par les problèmes de qualité liés aux nitrates, aux pesticides et aux perchlorates.

Le département comprend 30 des 81 captages identifiés comme devant faire l’objet d’une protection renforcée.

Au niveau de l’agglomération, nous serons vigilants à ce que la stratégie énoncée ne reste pas lettre morte et que les gros investissements promis se concrétisent. Pour les années 2023 et 2024, c’est un report partiel d’investissement sur 2025 et 2026 que l’on peut constater. Il y a pourtant urgence à agir…


  1. CESER : Conseil Économique, Social et Environnemental Régional ↩︎

  2. Évapotranspiration : quand l’eau des sols remonte dans l’air par évaporation et transpiration des plantes ↩︎

  3. Etiage : débit minimal d’un cours d’eau ↩︎